En novembre 2019, trois amis passionnés de bière et de culture pop depuis leur jeunesse ont fondé la 1989 Brewing, une jeune marque de bière normande. C’est en bousculant les codes de la « craft », tout en restant accessible à tous, que le trio impose ses bières légères, fruités, punchy… bien que complexes.
Trois copains avec une forte culture pop
C’est en 2019, que les inséparables copains de lycée Thibaut Masson, Thibault Grenier et Cédric Geffroy décident de changer de vie et de monter la brasserie artisanale, baptisée 1989 Brewing. Rien ne les prédestinés à devenir brasseurs. Thibaut Masson était consultant en transformation digitale, Thibault Grenier, banquier pour les comptes professionnels et Cédric Geffroy, contrôleur de gestion.
Ce n’est pas tout à fait vrai… Cédric et Thibaut Grenier brassaient même un peu en amateur. N’empêche, c’est grâce à Cédric qui a eu un déclic en regardant un documentaire sur les brasseries artisanales aux États-Unis que l’aventure va commencer. Dans la foulée, il achète un kit pour brasser dans sa cuisine, il y a huit ans déjà.
Thibaut G. et Cédric se rêvent brasseurs quand Thibaut M. et Cédric (le même…) imaginent ouvrir une brewpub et un atelier de brassage. « Nous nous sommes dit, bingo !, lâche Thubaut M. Pourquoi ne pas créer notre brasserie avec un taproom à côté ensemble ? » En 2019, le trio décide finalement de quitter leur job respectif pour se lancer dans une aventure commune.
Débuts en mode « gipsy » pour la 1989 Brewing
Pour trouver le nom ça a été plus compliqué (c’est super important d’avoir un nom. Ndlr.) « On a bien galéré », assure Thibaut M. Nous avons même fait un atelier marketing pour nous aider. Finalement, nous avons choisi 1989. » En plus d’être l’année de naissance des trois gaillards, cette date symbolise aussi tout une époque, avec ses codes et ses références pop : la Mégadrive, la Nintendo 64, la trilogie du samedi (X-Files, Bones, Smallville, les Contes de la Crypte ou encore Rosweell…), Stargate SG-1 et le new metal (Limp Bizkip ou Korn, notamment). Simple, basique.
Dans un petit local du Val d’Oise, les trois amis brassent, testent, brassent et testent encore… L’idée est de brasser des bières liftées en jouant avec les codes de la craft beer. « Pour démarrer, deux solutions s’offraient à nous, résume Thibaut M. Soit nous achetions tout le matériel de brassage nécessaire soit nous brassions nos premiers hectolitres à façon, chez un collègue ». Les premières canettes de la Hazy Pale Ale (une IPA rebaptisée depuis Hazy Classic) et la Jungle Fury (New England IPA), sont ainsi sorties de la brasserie artisanale bordelaise Azimut.
Trois ans avant d’avoir son propre site
Entre la théorie et la pratique, il y a parfois un gouffre. « C’est très long, soupire Thibaut M. Heureusement, nos expériences antérieures nous ont été très précieuses pour prendre notre autonomie, monter ce projet et avancer de façon structurée. » Cédric et Thibaut G. ont même suivi une formation dans une école de création d’entreprise. Ensemble, ils ont des acquis solides désormais. Les débuts concluants des premières bières produites à Bordeaux de la 1989 Brewing ont fini par convaincre les banques de croire dans le projet des deux Thibaut et de Cédric.
Normands de naissance, les trois néo-brasseurs ont jeté leur dévolu sur l’agglomération de Rouen. « Lorsque le projet a été structuré, nous avons décidé de quitter Paris et de revenir pour de bon poser notre outil de production ici, déclare Cédric. Mais trouver le bâtiment idéal n’est pas simple. Et encore une fois, il y a un vrai écart entre la théorie et la pratique. Entre le lieu rêvé et celui qu’on visite, c’est une histoire de compromis. »
C’est un site à Saint-Étienne-du-Rouvray qui est finalement choisi. Bien situé en périphérie de l’agglomération rouennaise, il a quand même nécessité plus de deux mois de travaux. Au final, entre l’idée de départ, le brassage en mode nomade à Bordeaux, l’ouverture de la Taproom et le début de la production dans leur site près de Rouen, trois ans se sont écoulés…
1989 Brewing est influencée par les Nineties
Spécialisés dans les bières temporaires et les bières sévèrement houblonées (IPA et leurs dérivés), les trois amis proposent déjà cinq bières permanentes et des bières éphémères (près d’une vingtaine à ce jour). Pour les geeks, sachez qu’il existe une Dragonpower (double IPA), en référence à DragonBall Z, une Dual Konbat comme clin d’œil au jeu vidéo Mortal Kombat.
« La Megalight et son étiquette évoquant à la fois Super Mario et Sonic, refait vivre l’éternel débat entre les pro Nintendo et les pro Sega », souligne avec malice Thibaut G. Les clins d’œil sont parfois plus subtils. Notre Milk Bizkit, une bière collaborative imaginée avec la brasserie nantaise Nautile, est inspiré du groupe de métal Limp Bizkit ».
Ce côté funky se retrouve jusqu’aux canettes au design graphique électrique et flashy, véritable clin d’œil à leur passions d’ado : les dessins animés, les jeux vidéo Sega, Nintendo 64 et les films et séries cultes. Ces designs flashy qui décorent leurs canettes est encore accentué par le logo reprenant la police de caractère utilisée par le groupe ACDC en 1978 sur l’album Powerage. On tremble de plaisir…
De nouvelles bières toutes les 6 semaines
Pour le breuvage, les trio préfère revisiter les recettes classiques à la sauce 1989. Avant que les cuves n’arrivent et que la production ne démarre en Normandie, le trio faisait goûter ses brassins aux proches (réponses sans filtre garantie…). Désormais avec leur expérience et un palais aguerri, il créé à trois.
« Nous savons ce que nous voulons et comment y parvenir. Même si nous tentons des coups de poker, nous savons que les IPA et leurs déclinaisons sont actuellement très appréciée. » Il ajoute : « Avec nos 7 fermenteurs nous pouvons sortir de nouvelles bières éphémères toutes les 6/7 semaines. Ainsi, nous avons de quoi répondre aux demandes des clients dont certains (rares…) ne boivent jamais la même bière craft. »
Y croire dans la morosité ambiante
Comme certains de leurs collègues, Thibaut, Cédric et Thibaut sont fébriles face à la situation économique actuelle . « L’inflation des prix de l’électricité, du transport et des matières premières a compliqué les derniers mois, et 2023 n’est pas mieux, s’inquiète Thibaut M. Cette situation a un impact sur les gens. Ils sortent moins et font plus attention à leur budget. Au final, ils se détournent parfois des bières artisanales. » Pour preuve, un peu partout en France, des brasseries viennent de mettre la clé sous la porte dernièrement.
Heureusement, le trio a opté dès le début pour la mise en canette en aluminium et non en bouteille en verre. Ce pari les a bien soulagés puisque ce matériau est moins onéreux puisque léger, compact et recyclable à l’infini. Tout en protégeant le contenu de la lumière et de l’oxygène, les canettes offrent au graphiste de 1989 Brewing des possibilités artistiques illimitées. Ça ne vous a pas échappé, amis lecteur ?
1989 Brewing : bière, kiffe & musique
Amis d’enfance, c’est en faisant la part des choses entre amitié et vie d’une entreprise que Thibaut G., Cédric et Thibaut M. suivent le fil rouge qui les guide : amour du produit, envie d’entreprendre et travailler sérieusement sans se prendre au sérieux. Ils ont décidé ensemble de cibler Rouen, Le Havre et Caen d’ici à la fin de l’année. Dans la ville de Guillaume, les produits 1989 sont déjà à la carte du MUG et du Nonna, par exemple.
Mais, c’est avec l’ouverture récente de leur Taproom, reflet de l’esprit de leur brasserie, que les gars comptent réussir. En effet, les atouts d’un tel lieu sont nombreux : fraîcheur des bières, contact direct avec le client, création d’événements et point de vente à emporter. « C’est notre vitrine, clame Thibaut M. Les clients pourrons y déguster nos bières ainsi que des softs artisanaux, des cocktails et profiter d’une restauration rapide de qualité. » En le développant, ils souhaitent conjuguer leurs trois mots favoris : bière, kiffe & musique !
« Toute consommation d’alcool présente un risque pour la santé. À consommer avec modération ».
@mesbieres
