En 2016, c’est au cœur de Caudebec-lès-Elbeuf (Seine-Maritime) que Sébastien Simon a planté son fourquet et posé ses cuves pour créer la Septante Six. Rencontre avec ce Caudebécais passionné qui brasse des bières de dégustation et apéritives dans sa petite entreprise qui a atteint son rythme de croisière.
Est-ce que tu nous présente la Septante Six ?
L’histoire commence à la fin des années 90. A l’époque, je suis très souvent en Belgique pour le travail et je découvre les estaminets (bar en français) qui brassent la bière vendue sur place.
Je me lance alors dans l’aventure du brassage amateur bien avant que ce soit la mode sur le net et ailleurs. Il me faut donc quasi tout inventer et apprendre sur le tas. Dans les années 2010, je brassais déjà régulièrement par 75 litres dans mon garage. En 2016 j’ai l’opportunité d’acheter un bâtiment (une ancienne menuiserie) qui sera le berceau de la Septante Six. L’aventure est lancée.
Quel a été le déclic qui t’a incité à tenter l’aventure ?
Après 20 années de salariat avec un solide bagage en commerce et en gestion, je souhaitais donner un second souffle à ma carrière et créer quelque chose de mes mains. Le brassage faisait déjà parti de mes loisirs, l’attrait du marché pour ce produit artisanal m’a donc convaincu de me lancer dans cette aventure. L’étude de marché et mon prévisionnel ont confirmé mes impressions.
Comment as-tu choisi le nom Septante Six ?
Trouver un nom a été plus compliqué que je le croyais. Je voulais qu’il représente la région, le monde de la bière et qu’il soit original sans tomber dans la banalité ou le kitch. Il fallait ensuite que le nom choisi soit libre de droit et que le nom de domaine soit disponible pour mon site internet. Il devait me plaise, plaire aux clients, qu’il soit facilement mémorisable…. Enfin, un vrai casse-tête.
Le nom de Septante Six, traduisez 76, a été retenu en raison de mes liens forts avec la Belgique. Ce choix répondait aux plus grands nombre de critères que j’avais identifiés. Il représentait bien le département de Seine-Maritime et l’inspiration Belges de mes recettes.
Quelle est ta gamme ?
Pour moi, faire de la bière, c’est un peu comme faire la cuisine. Il faut aimer les bonnes choses, avoir de la patience et du plaisir à les partager. En général, je revisite mes recettes avec des produits de saisons (pour des recettes éphémères entre autre) en utilisant mon expérience… Avec plus de 15 ans de brassage derrière moi, je n’ai que l’embarras du choix parmi mes essais précédents, réussis ou non. Aujourd’hui on brasse 22 recettes (la Beez, la Lëon, la bière au Calvados, la Zest d’Amour, la Belgium Strong…) avec une rotation de 3 à 4 bières éphémères. Je ne pense pas qu’on aille plus loin.
Qui élabore les recettes et oriente son style ?
Moi. J’utilise mes inspirations belges et celles issues de mes voyages. En effet, je voyage hors de France, d’Europe ou du continent au moins une fois par an. Je rapporte souvent une épice, une inspiration…
Qui trouve le nom des bières ?
Ça dépend. Soit, le nom est en rapport avec la recette, ses ingrédients, soit avec le style comme la Barley Wine, par exemple. Ça demande donc de savoir un peu de quoi on parle car une blonde, c’est quoi ? Une IPA, une triple, une Session…
Qu’est-ce qui démarque la Septante Six de vos confrères ?
Tout et rien. On a tous notre style et c’est génial. On peut tous faire de la bière, notre bière. Comme la brasserie est installée depuis quelques années maintenant nous avons aujourd’hui une stratégie très claire vis à vis de notre réseau de revendeurs. Notre priorité est de continuer à construite notre avenir avec eux.
Beaucoup se lancent, surtout depuis deux ans. Il y a de la place pour tous, mais une brasserie est aussi une entreprise à gérer, avec ses difficultés et ses exigences. Pas plus, pas moins que n’importe quelle autre entreprise. C’est donc une aventure remplie de réussites et d’échecs.
Quels sont vos projets pour les mois qui viennent ?
Pour être plus précis, disons les années. Avec quatre exercices derrière nous, tout va bien et nous ne souhaitons pas forcement grossir plus. Notre business model fonctionne et nous souhaitons rester une entreprise artisanale et ne pas aller vers une course aux volumes comme quelques brasseries le font.
Nous souhaitons développer notre activité de service, de privatisations et d’atelier sur les accords mets-bières (Beer pairing) grâce à notre Brewpub baptisé L’Embuscade (licence IV). Il faut reprendre le rythme qui a été coupé par le Covid-19.
« L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération. »